Le gouvernement a annoncé que des chambres d’hôtel seraient réquisitionnées pour loger les personnes sans domicile fixe durant le confinement. Une mesure qui était attendue par Médecins sans frontières.
Malgré son entrée en vigueur dans toute la France, le confinement est particulièrement difficile à respecter pour les sans-abri. À Paris, où plus de 3500 personnes sans domicile fixe avaient été recensées fin janvier lors de la Nuit de la solidarité, la plupart d’entre elles n’ont aucune solution d’hébergement d’urgence pour se plier aux consignes gouvernementales. D’autant que de nombreuses associations ont fermé leurs centres d’accueil de jour et de nuit en raison de l’épidémie de coronavirus.
Mardi, la maire de Paris Anne Hidalgo a assuré qu’elle avait proposé à l’État de mettre à disposition 14 gymnases de la ville pour loger des sans-abri. Une solution pas adaptée au contexte sanitaire actuel, selon Corinne Torre, cheffe de mission France à Médecins sans frontières.
“On entend parler de beaucoup de gymnases, mais ce ne sont pas des conditions appropriées dans le cadre de cette épidémie. Si nous n’avons pas de salles d’isolation en cas de diagnostic positif, cela va être source de contamination générale”, a-t-elle assuré à BFM Paris.
170 chambres d’hôtel proposées d’ici la fin de semaine à Paris
D’après Corinne Torre, il serait “extrêmement difficile de faire respecter les gestes barrières” dans des gymnases. Elle estime ainsi qu’il conviendrait ainsi de “réquisitionner des hôtels” de la capitale, aujourd’hui vides. Un appel qui semble avoir été entendu par le gouvernement, qui a annoncé ce jeudi avoir commencé à réquisitionner des chambres d’hôtel afin de permettre aux sans-abri de se confiner.
“On privilégie notamment les chambres individuelles, les hôtels”, a expliqué le ministre du Logement Julien Denormandie. “On travaille beaucoup avec ces derniers pour libérer un maximum de chambres”, a-t-il complété.
Les premières chambres d’hôtel ont ainsi été ouvertes mercredi soir à Paris. “Plus de 170” seront proposées dans la capitale d’ici la fin de la semaine, a ajouté le ministre. Le gouvernement va également proposer des solutions spécifiques pour les sans-abri infectés par le Covid-19 mais dont l’état ne nécessite pas une hospitalisation.
“Pour ces personnes-là nous ouvrons d’ores et déjà des centres dédiés”, a indiqué Julien Denormandie, précisant que 150 places seront disponibles à Paris et dans ses environs d’ici à la fin de la semaine.
Sans isolation, “un risque de démultiplier les contaminations”
Mais le nombre de personnes vivant à la rue s’élève à plus de 3500 dans la seule capitale, un chiffre bien supérieur aux chambres pour l’instant réquisitionnées. Selon Médecins sans frontières et de nombreuses associations qui oeuvrent sur le terrain à Paris auprès des sans-abri et des migrants, sans confinement, ces populations restent particulièrement exposés au coronavirus.
“Moins de personnes pour les prendre en charge, difficulté d’accès à l’eau, à la nourriture, énumère Corinne Torre. La population est vraiment dans une situation extrêmement difficile (…) Ce sont des personnes extrêmement vulnérables.”
Alors que le nombre de contaminations au covid-19 continue d’augmenter à Paris et en Ile-de-France, la région la plus touchée, le temps est compté pour mettre la totalité des sans domicile fixe à l’abri. “S’il y a des problèmes alimentaires, des problèmes d’accès aux soins, nous prenons le risque de démultiplier les contaminations, et d’avoir de plus en plus de morts”, assure la cheffe de mission à MSF.
Source: bfmtv.com
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